Sans juge, pas de vainqueur
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Sans juge, pas de vainqueur

Thomas Ditzler/Alexandra Herzog

La saison des fêtes de gymnastique approche à grands pas. Outre les gymnastes, de nombreux juges seront à l’oeuvre durant cette période. En effet, sans juges, pas de compétitions. Et pourtant, dans certaines disciplines, la situation est tendue.

En Suisse, les gymnastes se préparent pour le point culminant de la saison. Après deux ans d’interruption, les fêtes de gymnastique devraient reprendre cet été. Onze fêtes sont prévues dans tout le pays, de début juin à début juillet. Pour que les concours puissent avoir lieu lors des fêtes de gymnastique, les juges et les arbitres sont indispensables. En effet, « sans juges, pas de compétitions », explique Philipp Moor. Membre actuel du comité central, il peut se prévaloir d’une longue expérience de juge et a notamment été responsable de la formation des juges en gymnastique aux agrès de société.

Des milliers de juges permettent chaque année le bon déroulement des concours de gymnastique.

Des milliers de juges permettent chaque année le bon déroulement des concours de gymnastique. Outre les concours, les sociétés dont les membres se mettent à disposition en tant que juges profitent également de cet engagement. « Un juge ou un arbitre connaît parfaitement les critères d’évaluation de sa discipline sportive. Cette connaissance profite également à sa société », explique Philipp Moor. Grâce à leurs connaissances, les juges apportent un autre point de vue à leur société. « Cela renforce à son tour sa propre société », poursuit-il.

Avant qu’un gymnaste endosse pour la première fois le rôle de juge, il doit généralement suivre un cours de base de plusieurs jours. « Il ne faut pas oublier les efforts que les sociétés fournissent pour pouvoir participer à une fête de gymnastique ou à un championnat suisse. Dans ce contexte, des juges et des arbitres bien formés sont aussi un signe important d’estime envers les sociétés », explique Philipp Moor. Pour que l’équilibre entre les juges et les sociétés soit parfait, les performances des uns et des autres doivent être à la hauteur. « Des juges mal formés seraient un mauvais signe vis-à-vis des sociétés », poursuit Philipp Moor. Pour que les démonstrations et les performances soient évaluées de manière objective, il est important que les juges aient reçu une formation de haut niveau et de qualité, ajoute-t-il.

De nombreux juges sont déjà passionnés par leur discipline. « Il faut être prêt à investir un peu plus », dit Philipp Moor, qui ajoute : « il faut accepter cet effort en toute connaissance de cause ». Grâce à sa propre expérience, l’actuel membre du comité central voit cependant aussi de nombreux aspects positifs dans l’activité de juge. « Personnellement, j’ai toujours trouvé enrichissant de pouvoir assister aux démonstrations en étant aux premières loges lors des manifestations », dit-il, avant d’ajouter : « en tant que juge, vous êtes sur le terrain, au coeur de l’action ». A cela s’ajoutent des engagements lors de championnats suisses ou d’autres événements nationaux. « Y juger est aussi un privilège et une marque d’estime », explique Philipp Moor.

En tant que juge, on se constitue un vaste réseau : « on rencontre d’autres championjuges et on échange des informations ». Cet échange de connaissances est ensuite transmis à sa propre société. Cet aspect a également été une motivation pour Philipp Moor au début de sa carrière de juge. « Le contact avec d’autres juges donne de nouvelles perspectives ». Une constatation qu’il a également faite lors des cours de formation. « Il y avait toujours plus de jeunes juges. De nombreux moniteurs ou monitrices consolident ainsi leur savoir-faire et leurs compétences dans leur discipline sportive », explique-t-il.

Selon lui, le fossé entre les rôles des juges et des gymnastes actifs a progressivement diminué au cours des dernières années. « L’utilité des juges au sein même des sociétés a été reconnue », déclare Philipp Moor. Et pourtant, il estime que cette valeur ajoutée doit encore être mieux communiquée aux sociétés.

Mais la situation des juges n’est actuellement pas rose dans toutes les disciplines, comme le montrent les exemples de l’aérobic et de la gymnastique. « Dans ces deux disciplines, la situation est difficile », confirme Jérôme Hübscher, responsable de la promotion du sport à la Fédération suisse de gymnastique. D’une part, le manque de juges est lié à la pandémie de coronavirus. D’autre part, l’augmentation du nombre de concours requiert également des juges supplémentaires. « Notre tâche consistera à montrer aux sociétés et aux gymnastes les avantages d’une contribution à la gymnastique situaen tant que juge », explique Jérôme Hübscher « en finançant la formation, nous apportons déjà une contribution importante en tant que fédération ».

Le fait qu’il n’y ait pas assez de juges féminines lors de nombreuses manifestations montre à quel point la situation des juges est précaire dans les deux disciplines citées ci-dessus. Ainsi, les besoins ne peuvent pas tous être couverts. Cela représente également un grand défi pour Judith Roost, coordinatrice des juges de gymnastique. « De nombreux juges sont certes prêts à faire un effort supplémentaire. Mais il y a encore des vides dans la planification annuelle », souligne Judith Roost.

Cela a pour conséquence qu’il faut également s’attendre à des compromis. Une réduction du nombre de juges lors des manifestations est l’un des différents scénarios possibles. « Nous sommes déjà à la limite. La situation est précaire », souligne Judith Roost. Pour les grandes manifestations, comme les championnats suisses ou les fêtes de gymnastique, le besoin en juges peut être garanti. Mais Jérôme Hübscher estime que d’autres compétitions ou manifestations devront éventuellement faire des concessions.

Pour Judith Roost, le fait que les formations n’aient pas été organisées au cours des deux dernières années est l’une des principales raisons de la pénurie de juges. « Le recrutement n’était pas possible à cause du coronavirus », dit-elle. A cela s’ajoutent des conflits de dates dans certaines régions. Si des compétitions ont lieu le même jour, cela pose un défi à la répartition. C’est notamment le cas dans les disciplines sportives où le nombre de juges est déjà relativement faible.

Judith Roost

De nombreux juges sont prêts à faire un effort supplémentaire. Pourtant, il en manque.

Malgré la situation actuelle, Jérôme Hübscher est convaincu que la situation pourra être corrigée : « certes, nous ne pouvons pas effacer les années coronavirus. Mais je suis convaincu qu’avec le retour à la normalité gymnique, la situation des juges sera moins tendue ». Avec les concours, on se posera à nouveau des questions sur la manière de faire évoluer sa propre société, de recruter des moniteurs et de trouver des juges pour sa société, estime Jérôme Hübscher. Judith Roost espère en outre que les associations cantonales se concerteront mieux à l’avenir lors de la planification des compétitions. Cela permettrait d’éviter les conflits de dates. « La concertation et la coordination sont très importantes dans la situation actuelle », explique Judith Roost. En outre, les cours de juges dans les régions doivent également être renforcés. Le scénario catastrophe à savoir organiser des concours sans juges doit ainsi être évité. En effet, sans juges, il n’y aurait plus de vainqueurs. Le plus grand perdant dans cette histoire serait alors probablement l’ensemble du monde de la gymnastique.

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Environ 5600 juges, arbitres et juges-arbitres brevetés sont enregistrés auprès de la FSG. Leur rôle est fondamental pour que les concours puissent avoir lieu. Quatre d’entre eux nous expliquent pourquoi ils exercent cette activité essentielle et quels sont les défis qu’ils doivent relever.

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