«Wouaw, le bronze, du tonnerre!». Le jeune gymnaste âgé de 17 ans a du mal à y croire. Après le bronze du concours par équipe, Eddy Yusof empoche sa seconde médaille de bronze des Européens juniors 2012. «Le résultat par équipe avait la priorité, mais le sentiment sur ce podium a été encore plus jubilatoire!», commente Eddy Yusof.
Il est le tout premier gymnaste à se présenter, au cheval d’arçons de surcroît. Concentré, totalement focalisé sur le concours, il présente un exercice fluide. Les anneaux lui réussissent bien aussi. Au saut, il réalise son Kasamatsu avec une vrille haut, mais doit corriger d’un pas latéral à la réception, cédant ainsi quelques dixièmes pour avoir franchi la ligne. Aux barres parallèles, son engin de prédilection, il pile en revanche sa sortie en double salto groupé. Seul le salto avant à l’appui lui donne quelques difficultés. «Depuis deux jours, je souffre d’un léger claquage que j’ai réussi à ignorer jusque-là. Mais aux barres, j’ai soudain ressenti comme une piqûre qui m’a fait fléchir les bras», explique Eddy Yusof. Après ce quatrième engin, le gymnaste pointe au troisième rang. Les écarts entre les gymnastes sont si minces que chaque dixième compte. Son entraîneur, Aleksandr Krascheninikov, souligne d‘ailleurs que «aujourd’hui, c’était à qui aurait les nerfs les plus solides. Se battre pour chaque millième!» Avant le dernier passage, la tension est à son comble. Le Lituanien Robert Tvorogal peut encore déloger le Suisse. D’autant plus qu’il ne lui reste que les anneaux, l’un de ses meilleurs engins. «En fait, je ne voulais pas regarder comment il s'en sortirait. Mais j’ai quand même jeté un coup d’œil sur le panneau d’affichage et j’ai vu qu’il avait obtenu le score élevé de 13,941. Sur le moment, j’ai été pris de nervosité. Puis je me suis dit que c’était maintenant qu’il fallait être bon», rapporte Eddy Yusof. Et le Zurichois triomphe en présentant un magnifique exercice au sol. A l’instant même où il réceptionne sa dernière diagonale sans sourciller, les nombreux fans suisses présents laissent éclater leur joie. Les 13,866 d‘Eddy Yusof suffisent. Il devance le Lituanien de 0,15 point.
L’Argovien Christian Baumann entre du bon pied dans la compétition au sol. Il obtient plus d’un point de mieux qu’aux qualifications. Au cheval d’arçons, il doit malheureusement quitter l’engin après la liaison flop – dommage, car le reste avait bonne façon. Aux engins suivant, il fait preuve de concentration. Surtout au saut, où il réussit un Yurtschenko avec double vrille (15.358, note D 6.2) impeccable. Les choses se gâtent aux barres parallèles. Domenico Rossi et Christian Baumann avaient mal évalué le temps et le gymnaste n’a pas pu terminer sa préparation. Il lâche prise à plusieurs reprises. «Au cheval, c’était de la malchance, mais aux barres, c’est frustrant. J’ai glissé et j’ai dû improviser, je n’ai pas pu sauver les meubles», confie un Christian Baumann profondément déçu. Son 10.483 (4.5) est largement au-dessous de ses possibilités. Néanmoins, il continue à se battre et se reprend à la barre fixe, où il montre un excellent exercice, ponctué d'une sortie en Tsukahara tendu pilée. Et confirme ainsi sa qualification pour la finale à cet engin.
Pour Eddy Yusof, c'est la quatrième médaille européenne. Il y a deux ans, alors âgé de 15 ans, il s’était paré de l’argent par équipe et du bronze aux barres parallèles. Il y a deux jours, il a empoché la médaille de bronze avec l‘équipe. Et dimanche, il disposera de nouvelles chances de médailles. Il est en effet qualifié pour quatre des six finales par engin. Christian Baumann, Marco Walter ainsi que le tout jeune Henji Mboyo, 13 ans, en disputeront chacun une.
Demain samedi a lieu la finale des huit meilleures équipes de l’élite.
Renate Ried/ cg
