La Suisse est championne d'Europe de football, pour la première et unique fois jusqu'à présent. C'est du moins ainsi que cela a été perçu à la suite des Jeux olympiques de 1924. En effet, il y a 100 ans, l'équipe nationale n'a perdu que contre l'Uruguay (0-3) lors du tournoi olympique à Paris, devenant ainsi la meilleure équipe européenne.
Alors que les footballeurs suisses, sous la houlette de l'entraîneur Teddy Duckworth, ont remporté la médaille d'argent à Paris, les gymnastes à l'artistique suisses ont fait une entrée remarquée dans la longue histoire des Jeux olympiques, il y a 100 ans. Certes, Louis Zutter en 1896 à Athènes et Adolf Spinnler en 1904 à Saint-Louis avaient déjà remporté quatre médailles en gymnastique lors des éditions précédentes. Mais sur les 25 médailles remportées par les 127 membres de la délégation suisse à Paris en 1924, les gymnastes à l’artistique en ont remporté un pourcentage remarquable en montant à sept reprises sur le podium. August Güttinger (barres parallèles) et Josef Wilhelm (cheval d'arçons) ont également été couronnés champions olympiques. Deux autres médailles d'argent et de bronze en individuel et une médaille de bronze au concours général par équipes sont venues compléter le palmarès gymnique d'il y a 100 ans.
Un certain Georges Miez faisait alors partie de cette équipe pour la première fois. C'est à Paris qu'a débuté la longue et fructueuse carrière olympique de ce jeune gymnaste de 19 ans originaire de Winterthour. Durant sa carrière olympique, Miez a remporté quatre médailles d'or, trois d'argent et une de bronze (à Paris en 1924). Avec ses huit distinctions olympiques, Miez, décédé en 1999, reste l'athlète olympique suisse le plus titré de l'histoire. Les Jeux olympiques de 1924 n'ont pas seulement marqué le début de la carrière de Miez, mais aussi le début d'une série unique de médailles pour la gymnastique artistique suisse.
Entre Paris 1924 et Helsinki 1952, les gymnastes à l'artistique suisses sont rentrés six fois de suite des Jeux olympiques avec au moins une médaille. Ce n'est qu'après les sept médailles d'Helsinki en 1952, dont l'or à la barre fixe pour Jack Günthard et l'or aux barres parallèles pour Hans Eugster, que la Suisse a entamé une période de disette de 44 ans aux Jeux olympiques, avant que Donghua Li ne redonne le sourire à la gymnastique artistique suisse en 1996, avec sa victoire au cheval d'arçons à Atlanta.
Le succès de Lí reste toutefois le dernier en gymnastique artistique masculine. En revanche, les gymnastes à l'artistique ont réalisé une belle série de participations aux Jeux olympiques. En 100 ans, depuis Paris en 1924, seuls deux Jeux (1956 à Melbourne et 1980 à Moscou) ont eu lieu sans gymnastes suisses. Autrement dit, au cours des 100 dernières années, les Suisses ont évolué 21 fois sous les anneaux olympiques.
Alors que les hommes ont déjà remporté 48 médailles olympiques, seule Giulia Steingruber est montée sur le podium olympique chez les femmes à ce jour. La médaille de bronze de Steingruber au saut à Rio de Janeiro en 2016 est aussi, dans l'ensemble, le dernier succès en gymnastique artistique.
120 ans après les premières médailles de Louis Zutter à Athènes, Steingruber a remporté la 49e médaille suisse de gymnastique artistique. Cet été, à Paris, la délégation olympique suisse de gymnastique artistique aura donc une nouvelle occasion de fêter un jubilé olympique sous la forme d'une 50e médaille. Si l'équipe nationale suisse de football remportait un nouveau succès lors du championnat d'Europe en Allemagne, elle pourrait également faire un parallèle avec Paris 1924. Un siècle après les Jeux olympiques de Paris, on pourrait difficilement faire un meilleur parallèle entre la gymnastique artistique et le football cet été. Il est permis de rêver.